segunda-feira, 29 de maio de 2017



Qu'est-ce que l'Etat islamique ?

L’origine de l’Etat Islamique et la responsabilité de l’Occident en 5 points

Josefina L.Martinez  - jeudi, 19 novembre 2015

Qu'est-ce que l'Etat islamique ? Dans quel contexte a-t-il surgi ? Comment se finance-t-il ? Quelle est la responsabilité des Etats-Unis et de l'Europe ? Cet article retrace quelques éléments clés sur la naissance et les caractéristiques du phénomène Daech.

1.

Impossible de comprendre le surgissement de l’État Islamique (EI), ni ce qui se passe actuellement au Moyen Orient, sans revenir sur les conséquences profondes, ni sur la large place des guerres en Irak et en Afghanistan.
L’invasion et la guerre en Irak, entre 2003 et 2011, fut dirigée par les États-Unis en alliance avec le Royaume-Uni, l’État Espagnol ainsi que d’autres pays.
Le principal argument utilisé pour justifier la guerre était que Saddam Hussein construisait des armes de destruction massive, mettant en danger les alliés des États-Unis dans la région ainsi que sa propre sécurité. Différentes enquêtes ont montré que c’était un mensonge complet, et que le gouvernement des États-Unis et du Royaume-Uni ont caché ces informations pour justifier la guerre.
L’invasion de l’Irak faisait partie de la stratégie de « guerre contre le terrorisme » que Bush a déployée, de la main des néoconservateurs Américains avec l’objectif de tenter d’inverser la perte d’hégémonie des États-Unis, en inventant un nouvel ennemi, « l’axe du mal ». Ils se sont nourris de l’idéologie du choc des civilisations développée par le conservateur Samuel Huntington.

2.

Les États-Unis cherchaient à « redessiner la carte du Moyen-Orient » et « moderniser l’Irak » selon le « modèle Nord-Américain », ce qui impliquait la promesse de privatisations et de juteux marchés pour les multinationales grâce au pétrole.
Cependant, la guerre a laissé un pays complètement dévasté, détruisant toutes les infrastructures basiques et les fondements du pouvoir de Saddam Hussein, sans réussir à consolider un nouveau pouvoir stable.
On compte 150000 personnes mortes des conséquences de la guerre (certaines sources multiplient pas trois ce chiffre), mais aussi des millions de déplacés et de réfugiés. A la fin de la guerre, la lutte entre les fractions religieuses rivales s’est intensifiée, encouragée par les États-Unis qui ont appuyé la majorité chiite, opprimée par le régime de Saddam, contre la minorité sunnite qui contrôlait jusqu’ici l’État. La chute du régime de Saddam Hussein a laissé 400000 membres déchus de l’armée, et des fonctionnaires du parti Baas sans travail d’un jour à l’autre. Beaucoup d’entre eux furent enfermés à la prison d’Abu Ghraib où se déroulaient toutes sortes de vexations et de tortures.
Après le retrait des troupes américaines, le gouvernement chiite a brutalement réprimé les sunnites et d’autres secteurs de l’opposition. Dans ce contexte de haine et de ressentiments, une force réactionnaire a surgi et a débouché sur la création d’Al Qaeda en Irak puis de Daesh, qui a pu recruter des ex-membres, voire officiers, de l’armée de Saddam Hussein joints aux islamistes sunnites radicalisés.
Comme l’analysait la journaliste Olga Rodriguez, les prisons irakiennes pendant l’invasion américaine, avec ses tortures et vexations inimaginables ont constitué une « école » pour beaucoup de miliciens de Daesh, motivés par leur haine contre l’Occident.

3.

L’État Islamique d’Irak et du Levant, territoire qu’ils occupent en Syrie et au Liban, plus connu sous le nom de Daesh, s’est consolidé depuis 2013, en conquérant une grande partie du territoire en Irak et en Syrie. En 2014, ils annoncent la création d’un « Califat islamique ».
L’idéologie de Daesh est théocratique et totalement réactionnaire, n’acceptant aucune déviation de ce qu’ils considèrent comme le respect des écrits de l’Islam. Ils partagent la méthode des châtiments, des décapitations et lapidations avec l’Arabie Saoudite, où tous ceux qui remettent en cause les valeurs traditionnelles, boire de l’alcool ou conduire une voiture pour les femmes, par exemple sont punis par l’enfermement en prison ou par des décapitations. Daesh a lui-même réalisé des lapidations de femmes accusées d’adultères.
Daesh proclame une « guerre contre l’Occident » et une « guerre contre les infidèles », ces musulmans qui selon eux sont « déviants » des lois de l’Islam.
Le récent attentat dans le quartier populaire de Beyrouth, revendiqué par Daesh, montre que ses attentats et ses méthodes réactionnaires sont utilisés (dans la majorité des cas) contre la population arabe et musulmane, mais aussi contre les Kurdes et tous les secteurs de la population en Syrie et en Irak.
Daesh est une force contre-révolutionnaire et bourgeoise, avec une idéologie intégriste et des méthodes aberrantes contre les populations qu’il contrôle. Ce n’est pas une organisation, comme le Hamas en Palestine ou d’autres, qui en même temps d’avoir une idéologie théocratique, expriment à leur manière des mouvements de libération nationale.
Sa principale source de financement se trouve parmi les représentants les plus puissants des bourgeoisies pétrolières d’Arabie Saoudite et du Qatar, avec la complicité des gouvernements de ces pays. Il se base aussi sur le contrôle du territoire, des saisies, vols et spécialement de l’usufruit des raffineries de pétrole, que le marché noir capitalise.
Selon certains analystes, Daesh compte plus de 20000 combattants étrangers, dont 3500 viendraient des pays occidentaux, 1200 français, 600 britanniques, belges et d’autres pays. La précarité, l’islamophobie et la répression que subissent une grande partie des musulmans des pays Européens, sème la haine dont se nourri cette organisation, et s’ajoute à cela les interventions et bombardements des pays comme la France et les États-Unis.

4.

La guerre en Syrie, qui a provoqué plus de 250000 morts en 4 ans, est l’autre terrain où Daesh a pu se renforcer.
Les intérêts locaux, régionaux et les puissances impérialistes qui s’imbriquent dans le conflit, abondent un terrain favorable pour l’avancement de l’État Islamique.
L’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie appuient directement ou laissent faire les milices djihadistes qui combattent contre Al-Assad, comme Al Nosra en Syrie et Daesh. L’affrontement de l’Arabie Saoudite avec l’Iran est une coordonnée clé du conflit, qui a favorisé l’expansion de l’État Islamique, une force qui affronte les chiites iraniens. Dans le cas de la Turquie, l’offensive de Daesh contre les Kurdes, est aussi un élément crucial.
Un document de l’intelligence militaire américaine qui a filtré montrait que les États-Unis avaient connaissance que se préparait la création d’un « califat » sunnite en Syrie, mais considéraient qu’il pourrait servir à éviter le renforcement d’Assad (soutenu par la Russie et l’Iran).
De l’autre côté, les bombardements de la coalition dirigée par les États-Unis et les pays Arabes n’ont pas servi à vaincre Daesh, personne n’étant disposé pour le moment à s’embarquer dans une opération terrestre massive. Il était très couteux de répéter le désastre produit en Irak.

5.

L’échec des « printemps arabes » est une autre clé d’explication du cours contre-révolutionnaire qu’a pris la situation au Moyen-Orient, avec le renforcement des forces réactionnaires comme Daesh, la guerre en Syrie, la nouvelle offensive de l’État d’Israël contre le peuple palestinien ainsi que le tournant répressif et bonapartiste d’Erdogan en Turquie contre les Kurdes et la gauche radicale.
L’actuel tournant guerrier de Hollande en France, l’intensification des bombardements en Syrie et l’augmentation des tendances xénophobes et islamophobes en Europe, n’ont que vocation à renforcer ce tournant réactionnaire.
Traduction : Elise Duvel

                                                  revolutionpermanente.fr/ 

domingo, 7 de maio de 2017

EXISTE UMA ÉTICA UNIVERSAL?


É um facto: as normas morais divergem de cultura para cultura e o consenso não é maior no seio de uma mesma sociedade. Não é  o que confirmam os debates inflamados em torno do direito ao aborto ou sobre a pornografia? Isaiah Berlin não acredita na existência de um sistema único de valores capaz de federar todos os homens de todas as culturas. Jürgen Habermas quer ultrapassar a oposição entre universalismo (haverá uma só moral válida para todos?) e relativismo (todas as morais são aceitáveis?). Segundo ele, não se deve tentar definir a vida boa (que depende das escolhas preferenciais de cada um) mas as normas justas. Propõe, então, uma «ética da discussão», na qual “uma norma não pode pretender ser válida, se todas as pessoas envolvidas não estiverem de acordo (ou não puderem estar), enquanto participantes numa discussão prática sobre a validade dessa norma.” (Moral e Comunicação, 1999).
Numa outra perspetiva,  Michael Walzer propõe a distinção entre moral mínima (thin) e moral máxima (thick). As morais máximas correspondem às morais concretas, sistemas complexos e desenvolvidos, que são marcadas pela diversidade e pelo conflito, até. Mas é possível encontrar uma moral mínima, ou seja, uma moral comum, um núcleo de princípios que todos os seres humanos podem partilhar. É o que faz, por exemplo, com que, não obstante as divergências culturais,  um americano possa compreender um checo que, em 1989, se tenha manifestado em Praga, pela liberdade.
Resta que são as morais concretas – por vezes divergentes – as mais importantes e as interações entre as culturas permitiram, pouco  a pouco, estabelecer um “consenso por conciliação” (Morale minimale, morale maximale, 2004).
Qualquer que seja a opção acolhida, é claro que uma teoria moral pluralista, já que ela deve acolher conceções divergentes da vida boa, está obrigada a um alto grau de generalidade e a uma redefinição  dos limites da moral. É o que defende Ruwen Ogien ao propor uma “ética mínima”.

Catherine Halpern, in «Sciences Humaines», Hors-Série, nº 22, maio-junho, 2017)

quarta-feira, 3 de maio de 2017

OS PARAÍSOS FISCAIS EM MOVIMENTO






Pas de France sans autre Europe   Resultado de imagem para etienne balibar
Par Etienne Balibar, Philosophe — 2 mai 2017 à 13:36
Photo Denis Charlet. AFP

L’élection de Macron n’est pas une condition suffisante pour que la question européenne devienne le terrain d’un engagement collectif. En revanche celle de Le Pen est une recette sûre pour qu’elle soit détournée de son sens.
De quoi demain ? Je reprends ici un titre de Derrida, emprunté à Victor Hugo : il convient bien pour évoquer ce qui taraude de nombreux électeurs, dans la gauche plus ou moins radicale, au moment d’affronter le «devoir électoral» du second tour. Je ne pense pas lever les incertitudes qui nous bouchent l’horizon. Mais je voudrais tenter, à notre usage commun, de les circonscrire et de les nommer.
Nous savons contre quoi nous allons voter, pourquoi nous le faisons et comment le faire. Sans faux-fuyant, en choisissant l’adversaire de Marine Le Pen, qui porte un nom sur les bulletins : Emmanuel Macron. Ce qui est en cause n’est pas seulement le programme détestable du Front national. Ce sont les effets qu’entraînerait l’arrivée au pouvoir, ou même près de lui, d’un parti néofasciste, issu de l’Algérie française et de l’OAS, fondé sur la dénonciation de l’immigration et la désignation d’un ennemi intérieur : comme en Angleterre après le Brexit, mais à la puissance dix, une vague d’agressions racistes, islamophobes et xénophobes. Un effondrement des valeurs républicaines et des sécurités de la personne. Il ne suffit donc pas que Le Pen perde l’élection, il faut qu’elle subisse une lourde défaite. Ce n’est pas évident.
Il importe aussi de savoir pour qui nous allons voter : un technocrate ambitieux, intelligent mais minoritaire, partisan du néolibéralisme et de la «modernisation» de la société française dans un cadre européen, mis en orbite par un réseau de financiers et de hauts fonctionnaires, soutenu par une génération de jeunes adeptes de la «troisième voie», et qui s’est exprimé clairement sur les crimes de la colonisation. Mais surtout, pour quels effets à venir : comment notre vote affectera-t-il la situation que vient de révéler le premier tour ? Je ne parle pas ici de «troisième tour» ou de majorité potentielle, mais de l’état même de la politique en France. Et je me contenterai de poser deux questions.
Notre système politique est en crise institutionnelle, sans restauration possible. Comme ailleurs, bien qu’avec des traits propres, il est devenu ingouvernable par les voies «normales», dont faisait partie l’alternance des partis de centre-droit et de centre-gauche. Le fait qu’ils aient pratiqué des politiques réelles de plus en plus indiscernables, est un symptôme de cette crise, largement responsable de la délégitimation qui affecte la «forme parti», mais il en est aussi l’un des effets. Emmanuel Macron, ayant autrefois étudié la dialectique hégélienne, tente de transformer la négation en affirmation par la synthèse des contraires. En face du «ni droite ni gauche» de la tradition fasciste, il propose un «en même temps de droite et de gauche». Cela ne pourrait marcher que s’il avait les moyens d’apparaître comme un homme providentiel au-dessus des forces sociales. Comme ce n’est pas et ne sera pas le cas, la crise ira s’approfondissant, mettant en péril la solidité des idéaux démocratiques.
A nous, par conséquent, d’inventer des institutions, des formations non pas moins mais plus représentatives, et plus sincères dans l’expression des conflits réels, redonnant aux citoyens le pouvoir d’influer sur les choix de gouvernement. Ce chantier d’essence populaire et non pas populiste, que certains mouvements récents ont esquissé, y compris pendant la campagne, doit demeurer ouvert en permanence dans la période dangereuse que nous allons traverser.
Il n’est pas séparable du chantier de la «fracture sociale». Toutes sortes de formulations circulent pour expliquer que de nouveaux clivages sociaux, culturels, territoriaux, professionnels, générationnels, ont pris la relève de l’antagonisme entre la «droite» et la «gauche». Ce n’est pas faux, du moins si l’on se réfère à une définition conventionnelle. Mais la traduction de ces clivages en alternatives idéologiques comme «nationalisme contre mondialisme» ou «fermeture contre ouverture», est hautement mystificatrice ! Ce qui est vrai, c’est d’une part que les inégalités s’aggravent dramatiquement, d’autre part que des antagonismes nouveaux induits par la mondialisation surgissent entre les pauvres, ou les non-riches, plus généralement entre les travailleurs, les usagers, les fonctionnaires, les étudiants, tous assujettis aux logiques de rentabilité financière. Cela ne fait pas disparaître la lutte des classes, mais en obscurcit singulièrement les enjeux, et surtout empêche sa cristallisation dans des mouvements politiques, qui de toute façon n’est jamais allée de soi.
Pour exorciser la violence dont sont porteuses ces «contradictions au sein du peuple», pour en dégager des perspectives d’avenir, il faudra beaucoup de réflexion et de confrontations, mais surtout il faut pousser de toutes nos forces à d’autres politiques économiques : non pas sous forme de dérégulation sauvage et de restriction des droits du travail, ou inversement de protectionnisme et de renforcement des frontières, mais – comme le suggère l’économiste Pierre-Noël Giraud – des politiques néo-mercantilistes de redistribution des investissements entre les emplois nomades et les emplois sédentaires (ce qui n’est pas du tout la même chose que de choisir entre le «travail national» et l’immigration) et de transition énergétique. Or, pour des raisons d’efficacité aussi bien que de solidarité, elles n’ont de sens qu’à l’échelle de l’Europe – à condition que celle-ci, évidemment, inverse le cours qu’elle a pris depuis l’adoption du dogme de la «concurrence libre et non faussée» et de ses corrélats, l’austérité budgétaire et l’immunité des banques.
C’est pourquoi il est regrettable que, dans la campagne actuelle, le débat sur les implications européennes de la politique française se limite à des antithèses grossières, ou des considérations formelles sur les institutions de la zone euro, au lieu d’affronter la question des rapports de pouvoir dans l’espace européen, lui aussi en pleine crise systémique, et de son avenir. Pas d’autre France sans autre Europe. L’élection de Macron n’est pas une condition suffisante pour que ces problèmes deviennent le terrain d’un engagement collectif. En revanche celle de Le Pen est une recette sûre pour qu’ils soient constamment détournés de leur sens.
Du passé ne faisons pas table rase, mais tirons toutes les leçons. Par ce qu’elle révèle, par ce qu’elle fait craindre, par ce qu’elle peut susciter, l’élection n’est qu’un moment, mais incontournable. A nous de le traverser, utilement, les yeux ouverts.